La marionnette est apparue très tôt dans l’humanité, dès la préhistoire : dans les grottes de Lascaux une représentation d’un oiseau marotte placé près d’un homme gisant à terre. Certain l’ont interprétée comme « un premier discours de l’âme ».
Le théâtre de marionnettes prend ses racines dans l’adoration des idoles, qui représentent des dieux, des démons ou aussi des humains. De ces idoles, merveilleux objets de l’art plastique sont nées les premières marionnettes.
Dans l’antiquité, Platon dans la République, sa célèbre allégorie de la « Caverne », pour évoquer la condition humaine, convie l’art du marionnettiste qui fait des merveilles, c'est-à-dire, le « faiseur de prodiges ».
Dans les « Lois », Platon fait de l’homme « une simple marionnette » pour les dieux.

Mémoire de Nathalie RANTZ

       

 

 

 

 

 

Atelier Marionnettes

Cette page a été entièrement réalisée à partir du travail de Nathalie RANTZ qui m'a proposé cette contribution pour l'enrichissement du site, ce dont je la remercie vivement....

La position de la marionnette est entre deux mondes, l’imaginaire et le réel ; ce personnage qui naît de nos mains peut nous surprendre, nous ravir ou nous inquiéter. C’est une partie de nous–mêmes, qui souvent nous échappe.
Dans le cadre de la création de sa propre marionnette le sujet crée à son insu un autre lui-même, un double.
Dans la mythologie grecque, comme ailleurs, la signification mortelle du double s’allie intimement au narcissisme.
L’idée de la mort a été rendue supportable par la fabrication d’un double de l’homme, dont le rôle est d’assurer une autre vie après la mort. L’homme a donc une partie mortelle et une autre, son âme, qui demeure immortelle.
La marionnette est alors un objet inquiétant, pouvant passer subitement de l’animation à l’immobilité ; elle est la métaphore de la mort, occupant ce lieu de l’entre vie et mort, entre réel et imaginaire. La marionnette alors matérialise le miracle de résurrection. Et c’est l’homme qui lui a accordé la vie.
La marionnette est une médiation d’humanisation entre le monde humain et le monde extérieur, le moi caché et l’autre. Elle a un pouvoir expressif et la fonction du double ; elle participe à la production des images, de figuration. Elle est simulacre du vivant.
La marionnette peut se tromper, faire des fautes, dire des gros mots, elle peut être ridicule, moche…Il y a ici une dissociation de l’objet-sujet qui déculpabilise le manipulateur quant à ses failles.
Jouer à la guerre avec des poupées ou des figurines ne permet ni de gagner, ni de perdre, mais uniquement de représenter le monde ; cela prépare le joueur à se confronter à la vie réelle, dans un cadre où une fausse manoeuvre n'a que peu de conséquences.
Le petit enfant peut parler aux chiffons ou s’acharner avec colère sur des choses inanimées, afin de les punir.

« La marionnette est un objet magique, transitionnel, affectif, qui produit le plaisir et çà renvoie à la 1ère relation avec la mère, sa 1ère relation avec l’objet. Elle amène à un jeu réciproque entre la séparation affective et l’union. …L'objet est un symbole de l'union du bébé et de la mère qui inaugure leur séparation. …Même pour les enfants qui se développent bien, l’éveil de la créativité nécessite un manque, un espace vide. Tant que la figure maternelle est présente, c’est elle qui capture l’esprit et organise son monde intime. Mais dès que la mère s’absente, le monde de l’enfant se vide et pour ne pas trop souffrir de cette privation, il doit remplir l’espace réel et psychique avec un objet qui la représente »

On peut considérer la marionnette comme objet transitionnel, qui peut prendre symbole de valeur phallique.
L’enfant est le créateur de son œuvre sur laquelle il projette ses fantasmes ses désirs, ses angoisses, ses rêves. Cela permet à l’enfant d’imaginer un monde parfait où il agit en maître, en Dieu. La marionnette permet à l’enfant d’avoir l’illusion de vie et de mort et d’apaiser ses angoisses.
La création de la marionnette peut prendre la fonction de réparation et laisse entrevoir l’idéal du moi.
Il ne faut pas beaucoup de corps pour animer et donner âme et vie à la marionnette. Ce « pas beaucoup de corps » est intéressant avec certains enfants qui ont un corps particulièrement souffrant ; car une ou deux mains suffisent pour qu’elles prennent vie et encore bien masquées.
La marionnette a un aspect magique car elle échappe aux lois de l’apesanteur, aux lois de l’univers physique ; elles sont dans une sorte de lévitation que l’on retrouve dans le rêve qui échappe à toute règle de rationalité de réalité, se moque de l’angoisse, des phobies.