Les contes  sont évidemment une médiation de choix  pour les rééducateurs. De nombreux ouvrages ont été écrits sur le sujet, le plus célèbre étant sans doute "psychanalyse des contes de fées" 1976 de Bruno Bettelheim. (1903-1990) psychiatre et psychanalyste américain, directeur de l'école orthogénique pour enfants perturbés de Chicago de 1947 à 1973.

Des synthèses et des documents personnels
Quelques contes que j'aime personnellement utiliser
Quelques "cartes tarot" que j'ai confectionnées pour certains contes
Des adresses intéressantes

       

 

 

 

Atelier conte


Bruno Bettelheim nous montre, à travers son ouvrage, que les contes de fées répondent de façon irréfutable aux angoisses des enfants et leur montrent la route....

J'ai relevé quelques extraits particulièrement éloquents:

"Le conte de fée met carrément l'enfant en présence de toutes les difficultés fondamentales de l'homme...."

"Les contes de fées ont pour caractéristiques de poser des problèmes existentiels en termes brefs et précis...."  

"Ces histoires qui abordent des problèmes humains universels, et en particulier ceux des enfants, s'adressent à leur moi en herbe et favorisent leur développement tout en soulageant les pressions préconscientes et inconscientes.Tandis que l'intrigue du conte évolue, les pressions du ça se précisent et prennent corps, et l'enfant voit comment il peut les soulager tout en se conformant aux exigences du moi et du surmoi."

"Le conte de fées est orienté vers l'avenir et sert de guide à l'enfant.......il est important de procurer à l'enfant moderne des images de héros qui doivent s'aventurer tout seuls dans le monde..."

"Les contes de fées dirigent l'enfant vers la découverte de son identité....Ces histoires promettent à l'enfant que s'il ose s'engager dans cette quête éprouvante et redoutable (de la vie), des puissances bienveillantes viendront l'aider à réussir..."

"Les vertus thérapeutiques des contes de fées viennent de ce que le patient trouve ses propres solutions en méditant ce que l'histoire donne à entendre sur lui-même et sur ses conflits internes à un moment précis de sa vie...."

"Le conte de fée aide l'enfant à mettre de l'ordre dans ses sentiments complexes et ambivalents qui ainsi se classent d'eux-mêmes dans des endroits distincts au lieu de ne former qu'un immense chaos..."

"Les contes de fées illustrent notre double nature..."

"Chaque conte projette, au moment de sa conclusion heureuse, l'intégration d'un conflit intérieur...."

"Le chiffre trois, dans les contes de fées, est souvent en relation avec ce que la psychanalyse considère comme les trois aspects de l'esprit: le ça, le moi et le surmoi....."

"Grâce aux contes de fées, la petite fille et le petit garçon oedipiens peuvent gagner sur deux tableaux: ils peuvent, grâce au fantasme, jouir des satisfactions oedipiennes tout en restant, dans la réalité, en bons termes avec leurs parents...."

"Se perdre dans une forêt est le symbole de la nécessité de se trouver soi même...."

Il applique au "petit chaperon rouge" la théorie œdipienne:

"Le Petit Chaperon rouge de Perrault perd beaucoup de son charme parce qu'il est trop évident que le loup du conte n'est pas un animal carnassier, mais une métaphore qui ne laisse pas grand-chose à l'imagination de l'auditeur. Cet excès de simplification, joint à une moralité exprimée sans ambages, fait de cette histoire, qui aurait pu être un véritable conte de fées, un conte de mise en garde qui énonce absolument tout. L'imagination de l'auditeur ne peut donc pas s'employer à lui trouver un sens personnel. Prisonnier d'une interprétation rationnelle du dessein de l'histoire, Perrault s'évertue à s'exprimer de la façon la plus explicite. Par exemple, quand le petit Chaperon rouge se déshabille et rejoint le loup dans le lit, et que le loup lui dit que ses grands bras sont faits pour mieux l'embrasser, rien n'est laissé à l'imagination. Comme la fillette, en réponse à cette tentative de séduction directe et évidente, n'esquisse pas le moindre mouvement de fuite ou de résistance, on peut croire qu'elle est idiote ou qu'elle désire être séduite. Dans les deux cas, elle n'est certainement pas un personnage auquel on aurait envie de s'identifier. De tels détails, au lieu de présenter l'héroïne telle qu'elle est (une petite fille naïve, séduisante, qui est incitée à négliger les avertissements de sa mère et qui s'amuse innocemment, en toute bonne foi), lui donnent toute l'apparence d'une femme déchue.
On supprime toute la valeur du conte de fées si on précise à l'enfant le sens qu'il doit avoir pour lui. Perrault fait pire que cela : il assène ses arguments. Le bon conte de fées a plusieurs niveaux de signification. Seul l'enfant peut découvrir la signification qui peut lui apporter quelque chose sur le moment. Plus tard, en grandissant, il découvre d'autres aspects des contes qu'il connaît bien et en tire la conviction que sa faculté de comprendre a mûri, puisque les mêmes contes prennent plus de sens pour lui. Cela ne peut se produire que si on n'a pas dit à l'enfant, de façon didactique, ce que l'histoire est censée signifier. En découvrant lui-même le sens caché des contes, l'enfant crée quelque chose, au lieu de subir une influence."
                                                                     Extrait